En plus de nous organiser nous-mêmes en tant qu’enseignants, il n’est pas rare que nous accompagnions nos élèves dans leur propre organisation scolaire. Avoir des cours en ordre, planifier sa semaine pour rendre les devoirs à temps ou préparer les évaluations, ça s’apprend ! Et parfois, chez certain.es, ça prend plus de temps… Alors autant avoir plusieurs cordes à son arc pour leur faciliter la tâche !

Dans cet article, je vais partager avec vous quelques idées et réflexions pour que vous (re)mettiez vos élèves sur les rails d’une bonne organisation scolaire.

Sommaire

Mon expérience de l’organisation en tant qu’élève

◈ En primaire

J’ai assez peu de souvenirs de mon apprentissage de l’organisation à l’école primaire. Selon les institutrices, je me souviens qu’on avait soit des cahiers où nous collions des feuilles ou des morceaux de feuilles avec des consignes ou bien des classeurs (sur la fin surtout, pour nous préparer aux secondaires), un par matière que nous rangions dans l’armoire de la classe.

À cet âge-là, je me rappelle davantage de mes problèmes de soin que de notre organisation 😅 Mais je me souviens bien que la colle n’aidait pas et faisait des marques dégoûtantes sur les feuilles malgré toute l’attention que j’y prêtais, hum …

◈ En secondaire

Ce n’est qu’une fois arrivée en secondaire que j’ai du prendre l’affaire en main. Face au manque de raison de mes enseignants qui pensaient tous avoir LA bonne méthode et face à ma tête effarée devant la feuille de fournitures à acheter, mon frère de 8 ans mon aîné a balayé la chose: « C’est ridicule, tu ne vas pas prendre un classeur par cours. Tu vas prendre un gros classeur et faire un intercalaire par matière.« 

J’ai quand même été obligée de me plier à certaines exigences ridicules comme ce prof d’anglais qui voulait absolument un classeur A5 (car ça prenait moins de place. Lol. Pas quand c’est le seul classeur de ce format, mec 🙄) ou cette enseignante de géo qui réclamait deux portes-vues de 60 pochettes plastiques: un pour la théorie, l’autre pour les exercices. Non mais vous imaginez si j’avais suivi tous leur délires persos? 😳 Déjà à cette époque, les parents alertaient sur les cartables trop lourds pour nos colonnes vertébrales … et avec raison !

J’ai donc développé ma passion pour les WordArt colorés et les intercalaires imprimés dès l’âge de 12 ans. Les ennemis de l’époque étaient ces profs qui distribuaient des feuilles non perforées (alors qu’il suffisait d’appuyer sur une touche de la nouvelle photocopieuse pour que ça se fasse tout seul!).

 

A partir de la 4e / du lycée

Pour le reste, plus on grandissait, moins les profs en avaient quelque chose à faire de nos supports. Plus on grandissait et moins les profs nous distribuaient de feuilles aussi. Dès la 4e année, nous avons appris à prendre des notes « comme les grands » en cours de français, avec des abréviations et des symboles.

Ce prof de français est l’un des rares qui nous a explicitement appris comment organiser nos cours, nos notes et comment gagner du temps lors de ses séances.

Les seules photocopies que nous recevions désormais étaient les documents en histoire, en géo, en sciences et les extraits de textes en français. En langues étrangères, il fallait jongler entre le manuel et les différentes parties du cours (grammaire, vocabulaire, exercices).

Côté organisation du travail à proprement parler, aucun prof ne m’a jamais expliqué comment faire un planning pour réviser mes examens. La méthode de travail était quasi inexistante de mes cours. J’ai le souvenir de ma prof d’anglais en 5e et rhéto qui nous proposait une nouvelle façon d’apprendre nos listes de vocabulaire (en ajoutant du contexte) mais nous devions les faire nous-mêmes.

La meilleure organisation à l’époque, c’était: tu fais tes devoirs le jour où tu les reçois et tu révises tes cours au moins une fois dans la semaine. Pour d’autres, ceci était fait immanquablement le matin avant d’arriver en cours mais cette méthode n’a jamais vraiment fait ses preuves sur l’apprentissage longue durée. 😁

◈ Aux études supérieures

Étant une élève très anxieuse et stressée, j’avais pris l’initiative de suivre des cours de méthode de travail l’été avant mon arrivée à l’université. Là-bas, j’y ai appris et formalisé plusieurs techniques de prise de notes, de visualisation de l’information… mais j’ai aussi appris à faire de l’introspection et à auto-évaluer ces outils pour déterminer ce qui me convenait le mieux, à moi.

Ensuite, j’ai suivi les cours au départ avec un bloc de feuilles et mes stylos … pour en finir à directement prendre des notes au clavier à l’ordinateur car c’était beaucoup plus rapide et plus propre.

Ayant déjà une excellente maîtrise de Word, je mettais mes cours en page de manière hyper nette avec une hiérarchie claire. (Mes notes étaient reprises par le Cercle étudiant qui les proposait comme base aux autres étudiants de la faculté qui suivaient ces cours. 😎) Bref, la structure et moi, c’est une grande histoire d’amour.

Ça a donc été assez simple pour moi quand j’ai du apprendre à créer le fil rouge de mes cours, voyant se dessiner assez nettement les rubriques et sous-rubriques de mes séquences au fil de leur élaboration.

Montrer l’exemple à nos élèves

◈ La structure de nos cours

Pour aider nos élèves à s’y retrouver dans nos matières, il est essentiel que le cours soit limpide dans sa structure. Ceci implique d’utiliser les mêmes polices, les mêmes couleurs, les mêmes symboles récurrents… même si vous construisez vos cours au fur et à mesure que vous les donnez (Oui, j’ai déjà créé des feuilles la veille au soir pour le lendemain matin, je sais ce que tu vis…). Ah et n’oubliez pas les numéros de page et le titre de la séquence dans le pied de page par exemple (oui, c’est con mais ça fait toute la différence pour un élève qui se mélange les pinceaux).

Évidemment, dans l’idéal, il faudrait avoir créé l’entièreté du fil rouge et la trame globale pour savoir où vous allez quand vous créez des activités.

Faire des choix de structure, c’est bien, attirer l’attention des élèves dessus, c’est mieux.

Montrez-leur la logique dans vos titres, vos sous-titres, vos couleurs, vos symboles. Lors des rappels en début de cours, faites-leur refaire le parcours et la réflexion dans les grandes lignes en faisant appel à ces éléments de structure pour que ça les aide à s’y retrouver dans ce labyrinthe.

.. ».

Pour apprendre à créer des cours structurés et des mises en page top-nickel, vous pouvez jeter un œil à ma formation « Mettre en page comme une pro(f) ».

◈ Ne pas négliger la visualisation temporelle

Si vous pouvez leur permettre de visualiser le timing de la séquence avec ses moments-clefs, faites-le.

Affichez une ligne du temps en classe que vous complétez en fin de chaque cours avec les étapes et les objectifs.

Créez un Padlet pour la classe qui reprend les cours par semaine et leurs objectifs.

Proposez un code couleurs pour les différents moments de la séquence (découverte, recherche, évaluation, synthèse…).

Ce travail de visualisation temporelle peut vraiment aider les élèves qui ont des difficultés à se le représenter. Typiquement le genre d’élèves à se dire  » Oh mais j’ai le temps !  » et la veille du test, vous envoyer un message à 20h sur la messagerie de l’ENT car il ne comprend pas la définition p.20 du chapitre 4…

▶ Découvrez quelques exemples de planifications visuelles dans cet article: 3 idées pour planifier facilement les apprentissages.

Permettre aux élèves d’apprendre à s’organiser et d’y arriver

◈ La malédiction du cahier

Je suis prête à me ramasser toutes les tomates pourries préparées par nos ami.es-collègues français.es qui ne jurent que par ça mais … pitié, arrêtez les feuilles collées dans les cahiers à partir du secondaire. 😭

Non, je n’ai pas prévu d’argumentation en 14 points pour vous prouver que vous avez tort car ce n’est pas mon but. Je n’ai pas envie de me battre avec les défenseurs du cahier, je dis simplement que c’est une entrave à l’autonomisation de l’élève dans son apprentissage à l’organisation.

Comme je l’ai mentionné ici plus haut, j’ai expérimenté le cahier quand j’étais très très jeune. En primaire, on n’a pas encore l’intelligence nécessaire pour arriver à gérer ça en plus de tout ce qu’on apprend à l’école. Donc si c’est une étape jugée nécessaire par l’instit’ pour apprendre le soin et la séparation des éléments, ok. Mais une fois en secondaire, il faut vraiment s’en détacher pour leur permettre de voir le cours autrement.

Quand vous faites coller des pages entières photocopiées sur des pages de cahier, hormis l’aberration écologique que ça représente et la place inutile que ça prend dans le sac, vous montrez à l’élève que la page est collée et statique. Les informations qui sont dessus ne sont pas destinées à être organisées autrement. Vous lui montrez qu’il n’a aucune marge de manœuvre et aucun pouvoir dans la manière de gérer son cours.

Oui, avec un classeur il peut perdre des feuilles.

Oui, c’est aussi comme ça qu’il apprendra à les ranger correctement, surtout si vous créez un petit rituel autour de la distribution, attendant par exemple que chaque élève ait son classeur ouvert avec le bon intercalaire devant lui.

Le but, c’est qu’il apprenne à s’organiser et à gérer ses affaires, non ?

Eh bien oui, il commettra des erreurs, il perdra des trucs. Et ce sera douloureux et pénible de devoir se remettre en ordre. Mais c’est comme ça qu’il peut apprendre. Et lui imposer un cahier où il doit coller chaque page, à mon sens, c’est le priver d’apprendre et de commettre des erreurs.

(Un cas où le cahier peut être vraiment chouette par contre, c’est pour les élèves dys- qui ont besoin de n’avoir qu’un seul exercice par page. Là, pour le coup, découper la feuille de cours en fonction des exercices et les lui faire coller ou agrafer en haut de chaque page du cahier, ça a du sens et ça l’aide à apprendre.)

◈ Distinguer les différentes parties

Créer différentes rubriques dans votre cours permet déjà à l’élève d’en saisir la structure. Avoir une partie « jeux et exercices », « concepts théoriques », « recueils documentaires » ou encore « vocabulaire » (les cours sont mélangés hein, t’avais compris), ça aide à créer des petites boîtes de rangement pour aider l’élève à s’y retrouver.

Dans le même ordre d’idées, pour distinguer différentes parties, j’avais une prof de sciences qui imprimait systématiquement les fiches synthèses sur des feuilles bleu ciel. D’un coup d’œil, on sait où la feuille doit aller et laquelle on doit étudier.

Ça peut aussi être utile en fin d’année lors du récap’ : vous avez 14 feuilles bleues à réviser pour l’examen – ah mince, je n’en ai que 12! – eh bien réimprime les 2 manquantes 🙃.

Ces rubriques peuvent également être reprises directement dans votre ENT où vous déposerez les documents pdf de vos cours afin que les élèves puissent se remettre en ordre au besoin (et si possible, déposez le pdf avec toutes les pages de la séquence en un seul morceau, ça aide…).

Encore un petit conseil de l’ordre de l’évidence: pensez à distribuer des feuilles perforées si vous ne voulez pas que vos élèves les perdent…

◈ Leur montrer que c’est important

Enfin, avant de terminer cette section déjà très longue, il me paraissait important d’attirer votre attention sur un point.

Si vous estimez que c’est important que les élèves aient un cours propre et en ordre alors il faut leur faire passer le message.

Insistez sur le soin et l’organisation lors de vos présentations de cours, accordez-leur du temps une à deux fois par an pour vérifier qu’ils ont bien toutes les pages nécessaires pour préparer leurs examens par exemple.

Si vous avez du temps/l’envie, reprenez au hasard quelques cours d’élèves pendant le trimestre et accordez un point bonus à ceux qui sont soignés et en ordre pour valoriser cette compétence (les élèves pas en ordre sont déjà pénalisés de base, pas besoin de les enfoncer…).

◈ De la méthodo en tant que titulaire / prof principal

En tant que titulaire ou professeur.e principal.e, on peut avoir envie de donner quelques pistes ou quelques outils en plus pour aider nos p’tits loups à s’en sortir.

Vous pouvez leur apprendre à créer des rétro-plannings pour préparer leurs examens, leur partager des méthodes d’étude (comme celle des blocs de temps ou la méthode Pomodoro par exemple).

Apprenez-leur aussi à s’approprier leur journal de classe. En Belgique, chaque école fournit un journal de classe aux élèves. C’est un document officiel qui reprend le règlement des études, le calendrier de l’école mais aussi toutes les vues hebdomadaires avec ce qui a été vu en classe + ce qui est à faire à la maison. En cas d’inspection, c’est ce document qui peut être vérifié, d’où l’importance de le tenir à jour et de le garder en bon état.

Bref, apprenez-leur à utiliser cet outil comme un avantage et non une contrainte : qu’ils créent un code couleurs pour distinguer les matières, les tests, les devoirs, les préparations…, qu’ils s’en servent pour planifier leur travail et leur étude au fil de la semaine, qu’ils utilisent un marque-page pour organiser leur to-do list… tout est possible !

Enfin, ce travail autour de l’organisation peut aussi faire l’objet d’un objectif à part entière dans leur Carnet d’objectifs si vous en utilisez un.

Je m’arrête ici car cet article est déjà bien assez long comme ça ! 😅

Comment t’y prends-tu pour accompagner tes élèves sur le chemin de l’organisation, toi?

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