Il y a quelques semaines, je vous parlais du syndrome de la bonne élève et de comment, nous, en tant qu’enseignantes (particulièrement les femmes eh oui) l’avons développé et y sommes encore confrontées aujourd’hui.

Mais ce syndrome du bon élève, il existe également dans nos classes. Il est créé par notre système scolaire depuis la petite enfance et se poursuit à l’école primaire et se renforce à l’adolescence et à l’âge adulte.

Les prémices du syndrome du bon élève

Si je devais identifier comment mon propre syndrome de la bonne élève a débuté, je parlerais de la première année primaire. Quand nous répondions correctement, que nous travaillions bien ou que notre comportement était exemplaire, nous recevions des bons points de la part de la maîtresse sous forme de coupon en papier. Au bout de 10 bons points, nous pouvions choisir un petit cadeau dans la boîte à cadeaux ! 🤩 Par contre, ces bons points pouvaient aussi nous être retirés quand notre comportement allait à l’encontre des règles ou quand nous devions aller aux toilettes lors de la classe, en dehors des récréations par exemple.

Par la suite, ce syndrome s’est renforcé avec des habitudes et des comportements à la maison. « Il faut bien travailler à l’école », « L’école, c’est important », recevoir un cadeau pour mes bons résultats au bulletin, vouloir faire plaisir aux adultes de mon entourage proche (étant en plus, dans une dépendance affective énorme suite au décès de ma mère) sont autant d’éléments l’ayant renforcé au fil des années.

syndrome du bon élève

L’enfant apprend sur base des conséquences de ses actions (cf. Skinner). Avec ce type de système, il est logique qu’il/elle développe une tendance à vouloir accumuler des bons points pour obtenir une récompense et de la reconnaissance plutôt que des mauvais points, pratique humiliante qui réprouve nos actions par le groupe de pairs ET par l’adulte référent.

L’origine de la motivation pour le bon élève

Dans le cas où l’enfant se retrouve dans ce syndrome, il/elle apprend pour :

      • recevoir des bons points ou des cadeaux
      • recevoir de la reconnaissance du prof et/ou de ses pairs
      • être félicité.e et admiré.e à la maison
      • faire plaisir à son entourage

Sauf que … quand on se retrouve dans une entreprise, qu’on ne travaille plus pour des points, quand on fait face à des choix d’orientation, d’études, de formations professionnalisantes et qu’on a travaillé toute notre vie pour ce type de motivation, on se retrouve face à un vide angoissant.

Cet.te élève brillant.e soudainement perd pied car il/elle n’a pas découvert de motivation intrinsèque. Il/elle n’a pas trouvé de corde qui le/la fait vibrer. Il/elle a toujours fait ce que les adultes attendaient… comme un.e bon.ne élève…

Attention… Évidemment que la reconnaissance des pairs et des adultes est importante pour le développement d’un.e enfant ! Le risque, ce serait que ce soit le seul levier qui le/la motive à apprendre et évolue dans la vie.

Comment enrayer le syndrome du bon élève dans nos classes ?

Je crois vraiment que si quelqu’un a le pouvoir d’avoir un impact dans la vie des jeunes, c’est bien l’enseignant.e. Non, on ne peut pas tout faire. Mais travailler sur la motivation des élèves, ça s’apprend et ça se fait dans tous les cours.

Rendez-les curieux.ses. Faites-leur se poser des questions, surtout des questions qui dérangent (ça, c’est mon point de vue de prof de Sciences humaines 😁). Faites-les participer à la vie de la classe. Posez-leur des questions au lieu de leur donner des ordres. Demandez activement et explicitement leur coopération. Faites en sorte qu’ils/elles puissent réellement s’impliquer dans la classe.

syndrome du bon élève

Si des délégué.es existent, donnez-leur de vraies responsabilités si votre école ne s’en charge pas (dans beaucoup d’établissements, ce sont de faux représentants qui ne servent pas à grand-chose…).
Rendez-les fiers/fières de contribuer à leur environnement. Rendez-les fiers/fières d’apprendre pour assouvir leur curiosité ou pour aider les autres à découvrir de nouvelles choses.

Si vous impliquez vos élèves émotionnellement dans vos cours, ils apprendront mieux. Si vous passez du temps à résoudre les conflits de classe, ils apprendront mieux. L’École est là pour apprendre à vivre ensemble. Si vous leur ouvrez de vrais espaces de communication et de questionnement, ils s’en empareront et s’impliqueront davantage dans vos cours.

Donnez du sens aux apprentissages. Partez de situations qu’ils connaissent, qui les intriguent. Intéressez-vous vraiment à elles et à eux.

Oui, ça demande du temps et de l’énergie. Mais ça vous énergisera en retour. Vous serez fier/fière des résultats et de la qualité des travaux de vos élèves. Encore plus fier/fière de leurs progrès. Finalement, la solution que je vous propose ici pour lutter contre le syndrome du bon élève est de travailler une valeur que je transmets dans mes formations : l’empouvoirement. 🧡

Qu’as-tu déjà mis en place dans ta pédagogie pour lutter contre ce syndrome du bon élève ?

Les sources utilisées pour faire les liens que je crée dans cet article :

  • NELSEN J., LOTT L., GLENN S., La discipline positive dans la classe. Favoriser l’apprentissage en développant respect, entraide et responsabilité, 2018, Poche Marabout.
  • TRIGUEL J., Étincelles pédagogiques. Paroles d’élèves, pratiques de profs, 2021, Libertalia.

À très vite pour un prochain déclic !

Émeline

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