À l’heure où les profs se font engager sans compétences pédagogiques (tu la sens là, ma consternation?), je me dis qu’il est peut-être intéressant de partager avec toi le parcours scolaire que j’ai suivi pour devenir prof. 🙃
Si tu ne sais pas encore si cette voie est faite pour toi, tu pourras y découvrir des signes qui m’ont poussée dans le milieu. Et si tu es déjà collègue, je t’invite à partager ton propre parcours sur tes réseaux ou en commentaires pour en inspirer ou en rassurer d’autres.
Plus on a d’infos, plus on rit ! (pas vraiment mais tu m’as comprise… 😁)
Sommaire de l’article
- Les graines qui germent (2002-2009)
- Au niveau collège
- Au niveau lycée
- Les racines qui se développent (2009-2014)
- À l’Université
- En Haute École
- La fleur qui s’épanouit (2014-2022)
Les graines qui germent (2002-2009)
Beaucoup de collègues français.es me lisent donc je vais découper cette partie en collège/lycée.
Pour les Belges, ça correspond à DI/DS (vous le savez probablement déjà 😁)
↪ Au niveau collège
En 2002, j’entre en 1ere secondaire et je découvre les joies du cours d’Histoire. Mon prof de l’époque me fait adorer cette matière. Il suscite chez moi de la curiosité pour la matière, je découvre les modes de vie d’ “Avant” (surtout la Préhistoire pour cette première année, l’Antiquité égyptienne et gréco-romaine pour l’année suivante) et … j’adore ! 😍
Il fait appel à beaucoup d’illustrations et c’est aussi avec lui que j’apprends à créer des lignes du temps. (Je n’en reviens pas qu’à 11 ans, on nous demandait de calculer la meilleure échelle possible, tracer la ligne du temps, respecter les conventions, soigner le travail… alors qu’en tant que prof 14 ans plus tard, on leur demandait à peine de compléter un canevas pré-conçu 😅)
L’année suivante, je tombe sur un autre prof pour cette matière et … déception. 😓 Je me rends compte qu’une matière ne suffit pas à me faire aimer un cours, le prof y joue vraiment un rôle important.
↪ Au niveau lycée
En 4e année, je retombe en amour pour le cours avec Les Temps modernes et une prof sur la fin de sa carrière (qui faisait encore ses cours à la main ! 😅). Y’avait pas à dire: elle savait comment raconter une histoire et me fasciner pour cette période ! Dès cette année, je m’intéresse également à une nouvelle option disponible dans mon école : les sciences sociales.
La vie des Hommes m’intéresse, indubitablement et c’est vers mes 15-16 ans que j’envisage sérieusement de faire des études pour devenir prof d’Histoire. Déjà à l’époque, j’aime aider mes camarades dans plusieurs matières (même en maths ! C’est pas peu dire…) et je tire une vraie joie de les voir comprendre des notions, des concepts et réussir leurs bilans. 🥳
Je me découvre donc assez tôt le goût de contribuer et d’aider les autres, par plaisir. J’ai l’impression que ça donne vraiment du sens à mon existence.
En dernière année arrive la question de l’orientation. Je souhaite me diriger vers des études courtes en 3 ans pour donner cours d’Histoire. Mon enseignante de l’époque et une de mes tantes me poussent plutôt vers l’Université pour “essayer”.
N.B. : En Belgique, les études universitaires sont davantage valorisées socialement car réputées plus exigeantes que les Hautes Écoles. Il est donc habituel de voir beaucoup de jeunes s’inscrire à l’unif’ pour au final arrêter et se rediriger vers des études supérieures courtes, souvent avec une estime d’elles-eux mêmes entachée par un sentiment d’échec ou de rejet de l’institution universitaire. [Observation personnelle basée sur un paquet de conversation entre ami.es, rien de plus ^^]
Les racines qui se développent (2009-2014)
↪ À l’Université
Je m’inscris donc à l’Université, fac de Philo & Lettres, section Histoire en juillet 2009. Quel stress pour moi ! 😵 Je prends des cours de méthode de travail durant l’été pour me préparer au mieux. J’ai peur de l’échec, j’ai peur de décevoir mon entourage et de découvrir que je n’en suis pas capable.
Je termine ma première année avec une Distinction en première session (incroyable !) et je passe un été serein, attendant ma deuxième année. Au cours de cette nouvelle année, je découvre de nouveaux cours, des méthodes de recherche propres au métier d’historien et je discute aussi avec des personnes inscrites en Master didactique, celui que je vise.
Je tombe un peu des nues quand j’apprends qu’en réalité, je ne pourrai pas faire de mémoire sur une question en lien avec la didactique de l’Histoire. 😳 L’Université forme avant tout des chercheurs, le côté “enseignement” vient largement après.
J’en discute avec une de mes profs lors d’un rendu de travail qui me conseille d’aller aux portes ouvertes d’une Haute Ecole qui propose une section Sciences Humaines un peu particulière…
Beaucoup d’émotions se mélangent à cette époque dans ma tête. J’ai perdu deux ans. Je savais que j’aurais du aller directement en Haute Ecole. Je n’ai pas du tout envie de devenir chercheuse. Mais qu’est-ce que les gens vont penser de moi? Est-ce que c’est un échec de rétrograder comme ça ?
N.B. : A l’époque, je suis vraiment confuse car je sais ce que je veux mais j’ai à peine 19 ans. L’école m’a appris que la meilleure voie, c’étaient les études longues et que, visiblement, j’en suis capable. Est-ce que ça ne serait pas du gâchis ?
Depuis lors, j’ai appris et intégré que … ce n’est pas parce qu’on peut le faire qu’on doit le faire. 😉
Lors des portes ouvertes de la Haute Ecole, je rencontre justement l’enseignante référente en Histoire dont m’a parlé ma prof de l’Unif. Je pose toutes mes questions au grand désarroi des autres étudiant.es présent.es (des copines présentes ce jour-là me racontent encore ce moment d’ailleurs 😂). Le côté « pédagogies alternatives » me parle et j’ai envie d’essayer même si c’est un stress de voir qu’il existe d’autres façons de faire que celles que j’ai toujours connues.
En même temps, je sais que là-bas, je deviendrais une meilleure prof qu’en restant à l’Université. Je décide donc de terminer mon année et par fierté, je décide même de passer et de réussir tous mes examens, ce qui me conduit en seconde session. J’avais besoin de voir cette réorientation comme autre chose qu’un échec et comme un vrai choix. (Et mon ego refusait qu’on me dise « Ah tu viens ici car tu as raté l’Unif, c’est ça? » j’avoue aussi …)
↪ En Haute École
Choisir de devenir enseignant.e, c’est de là que tout est parti. Je savais qu’avec ce diplôme, je ne pourrais pas faire grand’chose d’autre. Que le pari était risqué. Le salaire moins important qu’avec un Master. Et pourtant, je m’y suis lancée.
Je n’ai pas regretté mon choix.
Pendant 3 ans, j’ai alors découvert le métier d’enseignant à travers les stages, les cours de psychopédagogie mais je me suis aussi formée sur les matières, leurs méthodes, leurs contenus… que j’étais susceptible de donner. Je garde un très bon souvenir de la classe coopérative verticale et si ça t’intéresse, je pourrai t’en parler dans un autre article.
J’ai appris à déconstruire pas mal d’idées préconçues sur l’enseignement et sur les différentes filières. À me déconstruire moi-même aussi. À cette époque, j’ai rencontré des personnes qui ont marqué ma vie et mes idées à tout jamais. Je me rends compte de la chance que j’ai eue d’avoir des profs avec une personnalité forte, parfois très “rentre-dedans”, qui bousculaient mes codes et mes habitudes. Ils/elles avaient réussi à établir une relation de confiance suffisamment forte pour se permettre ces secousses.
C’est aussi portée par cette équipe pédagogique que j’ai osé me lancer et partir au Bénin pour faire mon dernier stage en février-mars 2014 et réaliser mon Travail de fin d’Études en collaboration avec une autre étudiante de mon année. La Émeline de 2010 n’aurait jamais fait ce pari. 😅 Et pourtant, 4 ans plus tard, here she was …
En juin, l’aventure s’achève avec un fort pincement au coeur mais aussi un petit soulagement (Ouf ! Terminé d’étudier et de se faire évaluer 🤓).
Désormais, l’été sera consacré à l’envoi de CV et de lettres de motivation pour trouver un poste à la rentrée.
La fleur qui s’épanouit (2014-2022)
En septembre 2014, je suis engagée pour quelques heures dans une école de ma ville, trouvant une super équipe de ScHum (abréviation pour “Sciences Humaines” 😉) qui me fait une place et dans laquelle je m’intègre grâce à une personne que je connais déjà. Cette première année me permet de démarrer dans le métier en douceur et de faire mes premiers pas, bien entourée. Je ne serai jamais assez reconnaissante envers toute l’équipe de cette école pour cette première année. 🙏
Par la suite, j’ai été engagée dans une autre école qui deviendrait mon école attitrée et dans laquelle je serais nommée. Au fil des années, je continue d’apprendre, de découvrir, de faire des tests, de me planter, de réussir … comme aujourd’hui encore ! J’y ai rencontré des élèves incroyables (dont certain.es me suivent sur les réseaux aujourd’hui et avec qui j’ai gardé contact ! ) et des collègues inspirant.es.
J’ai continué de me former pour donner d’autres cours, sur mon temps libre et mes fonds personnels. 3 ans à l’évêché pour donner cours de Religion catholique et 1 an à l’Université pour donner du FLE, Université que j’avais quittée quelques années auparavant, how ironic ! 😁
Avec le recul, je pense que toutes ces formations, ce temps prolongé derrière les bancs de l’école en cours du soir m’ont vraiment permis de prendre du recul sur ce métier. Certains conseils me paraissaient aberrants et je me sentais désormais la légitimité pour les juger comme tels. D’après mon expérience et celles des collègues qui m’accompagnaient et qui donnaient cours dans des filières parfois très différente des miennes ! J’ai développé une meilleure compréhension des enjeux des différents programmes que j’ai abordés. Ma meilleure base reste cependant celle des Sciences Humaines qui continue de m’accompagner, même quand je donne cours de FLE !
Quelque part, ces formations en cours du soir m’ont aussi permis de me sentir légitime en tant que formatrice pour enseignant.es. J’ai été trop souvent infantilisée, mon expérience du métier mise de côté par des enseignant.es qui profitaient de leur position pour asseoir leur propre vérité et écarter les nuances ou les objections faites depuis le terrain. Heureusement, tous.tes mes formateur.ices n’étaient pas comme ça mais il y en a suffisamment eu pour que je me positionne en contre radical lorsque j’ai émis les idées de créer mes formations en ligne.
Je pense que notre travail en tant que prof n’est jamais achevé, il évolue constamment.
Nous apprenons sans cesse des élèves, des collègues, de nous-même…
Les enjeux actuels concernant l’Éducation sont plus importants que jamais, y compris l’Éducation et la formation des jeunes enseignant.es.
Partage avec moi en commentaires un souvenir qui t’a marqué.e durant ton parcours pour devenir prof ! 👇
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