Il y a environ 2 semaines, à la mi-septembre, j’annonçais prendre quelques jours off sur mes réseaux sociaux. J’étais à fond sur Clic & Déclics depuis le lancement mi-mai et j’avais besoin de faire une coupure, de penser à autre chose. Si j’avais traîné jusque là, c’est parce que le compte Instagram et la page Facebook se sont bien développées depuis le lancement de la formation. Je voulais continuer sur cette belle lancée mais je voyais bien que je n’allais arriver à rien, à part me frustrer moi-même.

Quand je l’ai annoncé en post et en story, j’en ai profité pour demander à mon audience comment elle allait, si elle prenait le temps de se reposer aussi. Je sais qu’en tant qu’enseignant.es, on n’y pense pas toujours et on se dit: « c’est bon, je peux tenir jusqu’aux vacances« . Et l’année scolaire peut se transformer en une véritable attente desdites vacances. Moment où on en profitera pour préparer la suite et pas tellement pour faire ce qu’on rêve de faire: déconnecter et se reposer. Mon intuition était bonne: 64% des répondants (sur une trentaine de réponses) attendaient le weekend alors que nous n’étions que lundi… 😅 Et 78% ne se souvenaient pas de la dernière fois où ils s’étaient vraiment reposés.

fatigue des enseignant.es

Retour en arrière : mon épuisement en 2017

 Je me suis alors revue en février 2017, quand j’entrais dans le cabinet de consultation de mon médecin pour lui dire « stop, j’en peux plus » . Je cumulais trop de travail (5 attributions différentes, des problèmes personnels et une formation en cours du soir 3x par semaine) et beaucoup trop de fatigue physique et émotionnelle pour continuer. Il m’a fallu rassembler tout mon courage pour oser en parler à un médecin (et en parler tout court) car je ne me sentais pas légitime et je voulais rassurer mon entourage. Pourtant, ça n’allait pas (et il y avait de quoi quand je vois ça avec du recul aujourd’hui!) et quand j’ai eu fini de me mentir à moi-même, j’étais contente d’avoir osé faire de moi une priorité. (Le comble dans la vie d’un être humain, non?)

L’équilibre entre notre vie professionnelle et notre vie personnelle est difficile à trouver quand on est enseignant.e, surtout quand on aime vraiment ce qu’on fait. Qu’on a envie de tout donner car voir des enfants ou des ados grandir, c’est merveilleux, c’est même gratifiant. Et on sait qu’on les accompagne sur ce chemin difficile et donc qu’on occupe une place importante (voire très importante pour certains d’entre eux). Cependant, l’adage « Faites un travail que vous aimez et vous n’aurez plus à travailler un seul jour de votre vie », c’est du bullshit et même pire: du bullshit dangereux. Quand je suis allée voir mon médecin pour obtenir un arrêt, je me sentais fatiguée oui, mais je me sentais aussi coupable. Coupable d’ « abandonner » mes classes, coupable de ne pas y arriver, de ne pas être à la hauteur alors que j’adorais ce que je faisais, que j’avais des élèves super chouettes. Mais ça restait du travail, du stress, des préparations et des corrections jusque tard le soir, y compris le weekend et pendant les congés. Donc oui: tu peux aimer ce que tu fais mais ça n’en reste pas moins du travail. Et tu as besoin aussi de faire autre chose pour exister.

Ceux qui ont lu mes newsletters le savent: quand je suis revenue après 3 petites semaines d’arrêt (qui étaient insuffisantes), j’ai planché sur des stratégies pour ne plus retomber dans cette fatigue. J’ai organisé mon journal de bord et j’ai aussi organisé mon temps pour sortir la tête de l’eau. (Oui, j’aurais du consulter un psy mais je l’ai refusé et, a posteriori, j’admets que j’aurais du, ça aurait clairement pu m’aider.) J’ai commencé par consigner où passait tout mon temps. Dans mon bullet journal de l’époque, j’ai créé un tracker pour diviser mes journées en 5 grandes catégories et j’ai effectué ce suivi pendant 5 semaines :

    • le temps de travail pour l’école,
    • le temps pour la formation en cours du soir (que l’école me demandait de suivre),
    • le temps social (couple, amis, famille),
    • le temps perso (lecture, sport, méditation…)
    • le sommeil, les repas, la douche…

Au mois de mars (aucune période de rush particulier à signaler pour mon établissement), je travaillais entre 42 et 47h par semaine. Et là, j’ai été partagée entre la fierté et l’horreur. La fierté car j’étais la preuve (parmi tant d’autres) que les enseignant.es ne sont pas les fainéants surpayés que les médias et les commentaires débiles sur Facebook dépeignent. C’était un peu une forme de soulagement que d’avoir cette confirmation (alors qu’on sait tous que c’est faux mais à force de lire encore et encore, ça finit par te mettre le doute). J’étais fière aussi de pouvoir me dire que ce temps investi était au service de cette noble cause qu’était la vocation de l’enseignement. Cela dit, directement après ce sentiment d’auto-satisfaction s’installe un vrai sentiment d’horreur parce que tu réalises que c’est quand même beaucoup, 45h de ton temps par semaine. Reportées à une semaine de 5 jours, ça fait en moyenne 9h de travail par jour. « Mon Dieu, est-ce que je vais tenir toute ma vie comme ça? » « Est-ce que c’est vraiment sain? » « Est-ce pareil pour tous mes collègues? » Sans parler du fait que je valorisais énormément la valeur « travail » par le passé ce qui me poussait à me dévouer à l’école.

J’ai donc mis en place des stratégies personnelles, comme je le disais plus haut, pour faire en sorte de travailler moins et mieux. Je me suis fixé des objectifs en termes de temps et de qualité de vie pour remonter la pente. Petit à petit, c’est revenu. Mais c’est un travail de longue haleine car il y a des rechutes (trop d’enthousiasme, je plaide coupable) et des piqûres de rappel (avec des sursauts d’indignation quand on te fait te sentir mal d’avoir refusé de participer à un projet pour l’école sur ton temps libre).

Une nouvelle mission pour moi

Aujourd’hui, je me rends compte qu’avec Clic & Déclics, je peux aider des enseignant.es qui traversent ou ont traversé ces mêmes problèmes. Parce que même si vous parvenez à mieux vous organiser avec ma formation, il y a certains déclics qui ne pourront se faire autrement qu’au travers le partage d’expériences personnelles et de certaines données. Je me penche depuis plusieurs jours sur de la littérature spécialisée à propos des enseignant.es et des difficultés du métier. Vous savez, ce genre d’articles auxquels on n’a pas accès ou bien qu’on n’a pas le temps de lire parce qu’on travaille ou qu’on s’occupe de notre famille ? Ces articles et ces statistiques dont les médias ne parlent pas et qu’on ne sait pas toujours où trouver ?

Je me lance donc dans une série d’articles à propos de la fatigue et de l’épuisement des enseignant.es. Il y en aura peut-être 3, 5 ou plus selon mon inspiration et les sources à traiter que je trouve. Si vous voulez me faire part de votre témoignage, vous pouvez me laisser un commentaire ci-dessous ou m’envoyer un mail à contact@clic-et-declics.com . Parce qu’on n’est pas seul.es et qu’il y en a assez de devoir attendre que nos conditions de travail s’améliorent pour aller mieux. Il est urgent de commencer à prendre soin de soi. On a qu’une vie. Et personne ne prendra soin de vous à votre place.

A très vite pour un prochain déclic !

Émeline

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